ECKMÜHL, FLAMBEAU DU PAYS BIGOUDEN


TESTAMENT DE LA MARQUISE DE BLOCQUEVILLE



Le 7 octobre 1892 mourait en son hôtel, quai de Malaquais à Paris, Madame Adélaïde-Louise Davout D'Eckmühl, marquise de Blocqueville. De son testament, daté du 2 février 1885, est extrait ce qui suit.


"Je nomme M. Le Myre de Vilers, ancien Gouverneur de Cochinchine, mon exécuteur testamentaire en tout ce qui concerne le phare d'Eckmühl. Ma première et ma plus chère volonté est qu'il soit élevé un phare sur un point dangereux des côtes de France, non miné par la mer. Mon vieil ami, le Baron Baude, m'a souvent dit que bien des anses des côtes bretonnes restaient obscures et dangereuses. J'aimerais que le phare d'Eckmühl fût élevé là: mais sur quelque terrain solide, granitique, car je veux que ce noble nom demeure longtemps béni... Les larmes versées par la fatalité des guerres, que je redoute et déteste plus que jamais, seront ainsi rachetées par les vies sauvées de la tempête... Je consacre à cette fondation une somme de 300 000 francs, voulant ce phare digne du nom qu'il portera."




LE PRINCE D'ECKMÜHL

Les débuts de l'histoire d'Eckmühl nous transportent en Basse Bavière, près du petit village d'Eggmühl. Là, le 22 avril 1809, l'armée napoléonienne remporte une importante victoire sur les Autrichiens. Le maréchal Louis Nicolas Davout, qui commandait les troupes, sera nommé Prince d'Eckmühl pour ce fait d'armes. Quatre-vingts années plus tard, à la mort de sa fille, Adélaïde-Louise Davout d'Eckmühl, l'exécuteur testamentaire signale à l'état français une donation de 300 000 francs pour la construction d'un phare sur les côtes de France.



LA CONSTRUCTION


Extrait du testament, 1893


Le legs de la Marquise de Blocqueville fut accepté par l'Etat en 1893. L'achat de terrains eut lieu fin 1893 et les travaux commencèrent début 1894.
Les blocs de granit de Kersanton furent acheminés par bateaux depuis les carrières de Daoulas, en rade de Brest, et débarqués sur la cale du petit port de Saint-Pierre, puis transportés sur des charettes jusqu'au chantier à quelques centaines de mètres.

L'intérieur fait l'objet d'un traitement particulièrement raffiné. Outre les très belles boiseries du campanile où trône la statue du Prince d'Eckmühl, l'escalier en colimaçon de 307 marches tourne dans la tour entièrement revêtue de plaques d'opaline fabriquées spécialement par la société Saint-Gobain. L'escalier se compose de 227 marches en granit de Kersanton qui mènent à un palier en balcon d'où part un escalier en fonte menant à la salle d'honneur. De là, un autre escalier en fonte permet d'accéder à la lanterne. La rampe et les serrureries sont en bronze poli.
La partie technique de l'ouvrage comprend une lentille de Fresnel à quatre plans focaux qui bouclent leur rotation autour des lampes en cinq secondes.


Le coût total des travaux dépassa largement le montant du don, puisqu'ils furent estimés à près de 640 000 francs. Mais, à cette époque, on ne reculait pas devant la dépense, d'autant que les phares étaient les symboles de l'avance technologique de la France dans ce domaine.



L'INAUGURATION


Illustration du 23 octobre 1897


La fin des travaux, l'inauguration et la mise en service se célébrèrent le 17 octobre 1897. Un commentaire de l'époque dit que: "L'effet de la Marseillaise, jouée sur les binious, est toujours un peu surprenant."
Il fut prescrit "un bal populaire champêtre et maritime, avec danses au biniou". Les festivités sont demeurées célèbres. Même les vaches ou les chevaux, effrayés par la corne de brume ou les feux électriques, participèrent à la fête.
Pour les cent ans du phare, le 17 octobre 1997, les cornes de brume des phares du monde entier ont retenti, faisant de la pointe de Penmarc'h, l'espace d'un instant, le centre du monde maritime.



ECKMÜHL ET LE POETE

Le phare d'Eckmühl est une grosse lanterne.
Si tu as perdu ta route sur la lande tu regardes
à droite ou à gauche et tu vois où est Saint-Guénolé.
Depuis que je vous connais, Marie Guiziou,
j'ai cherché vos yeux sur toutes les mers et cette terre-ci.
Mais vos yeux tournent de côté et d'autre
Partout où il y a des amoureux.
Marie Guiziou, Marie Guiziou !
La vie est comme la lande pour moi
et vous êtes pour moi comme le phare d'Eckmühl.
Marie Guiziou !
Ma vie est comme l'océan autour de Penmarc'h !
Et si je ne vois vos yeux
je suis un naufragé sur les rochers.

Poèmes de Morvan le Gaélique de Max Jacob


Cette page a été réalisée à l'aide de documents gracieusement fournis par l'Office de Tourisme de Penmarc'h dont les coordonnées se trouvent dans la rubrique "Adresses utiles".

LE PHARE D'ECKMÜHL DE NOS JOURS, cliquez ici

LA BIBLIOGRAPHIE, cliquez ici

LES 110 ANS DU PHARE D'ECKMÜHL

HISTORIQUE DES PHARES D'ECKMÜHL



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