LES HEAUX-DE-BREHAT     
Le phare et les ruines des logements occupés par les ouvriers lors de la construction





Les Héaux-de-Bréhat, texte de Christophe Toullec


Situé dans la zone de récifs des Epées de Tréguier, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de l'île de Bréhat, ce phare fut commencé en 1836 et fut fini, pour la tour, en 1839, sous les ordres de l'ingénieux ingénieur Léonce Reynaud.
C'est le deuxième phare français érigé en mer, après celui du Four, mais il est beaucoup plus grand...
Léonce Reynaud prend très à cœur ce projet et dessine ce phare avec une forme audacieuse changeant de l'archétype britannique de l'époque. Plusieurs fois le phare risque l'abandon car les entrepreneurs qui répondent aux appels d'offre se rendent vite comptent de la difficulté du travail et demandent à plusieurs reprises la résiliation du contrat. Le chantier est aussi arrêté par des "grèves" des travailleurs qui veulent de nouvelles conventions.
Le granit, qui vu de près, comporte de très jolies couleurs, fut taillé sur l'île Grande à 20 km des Héaux et tout fut préparé sur terre, assemblé et numéroté étage par étage, avant d'être acheminé sur place...
La trentaine d'ouvriers, qui monta jusqu'à la soixantaine par moment, fut installée sur le rocher des Héaux pendant le temps de la construction... sur la partie non immergée du rocher, car le phare a les pieds dans l'eau...
La pose de la première pierre fut repoussée car une tempête avait tout balayé la vieille...
Il aura coûté beaucoup plus cher que prévu car les devis ne tenaient pas compte de la difficulté du travail, de l'acheminement, et surtout il fallait travailler avec des matériaux de bonne qualité et ne pas lésiner sur la matière...
Mais voici enfin le 1er février 1840, jour où le phare des Héaux de Bréhat du haut de ces 47 mètres s'illumine.
Sa taille aujourd'hui est de 57 mètres, on constate la différence de pierre sur le dernier étage. La décision de le rehausser fut prise après sa décapitation par les Allemands lors de leur départ en 1944 (est-ce leur volonté de seulement le décapiter ou bien le "travail" fut-il fait par le gardien, ce qui me semble le plus plausible au vu des dégâts causés sur de nombreux phares !). Il possède son aérogénérateur pour la production d'électricité et n'est malheureusement plus gardienné depuis 1982...
Site magnifique, mais attention aux courants très puissants dans ce coin, pour les marcheurs vous pourrez l'approcher à environ 1 kilomètre en faisant très attention aux horaires de marée en allant sur le Sillon de Talbert et en faisant les 3 ou 4 kilomètres de cette fabuleuse avancée de terre en pleine mer... Mais quel PLAISIR !!!
Merci Léonce pour ce premier chantier très réussi...

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