LE SCARWEATHER
Bateau exposé au Port-Musée de Douarnenez

Ce bateau-feu a été construit en 1947. Il mesure 42 m 50 et est entièrement en acier riveté. Sa mission était de signaler les hauts-fonds. Il est non-motorisé si bien qu'il ne peut se déplacer qu'avec l'aide d'un remorqueur.
Il a cessé son activité en 1989 et est arrivé à Douarnenez en 1991. Il était alors l'une des premières grosses pièces de notre collection.

LES EQUIPEMENTS
Outre les superstructures, la coque est surmontée d'une lanterne ce qui donne au bateau sa silhouette si caractéristique.
La lampe se compose de 8 ampoules de 350 watts chacune. Cela lui donne l'intensité lumineuse de 400 000 bougies. Sa portée est de 12 milles (22 km environ). La lanterne est alimentée par des groupes électrogènes situés dans la salle des machines.
Les lampes sont réparties par paire pour produire des faisceaux bien distincts. La lumière est réfléchie dans des miroirs afin d'en augmenter la portée (pour les techniciens : système multi-catoptrique). Les lampes reposent sur un plateau tournant entraîné par un moteur électrique. Les lampes ne peuvent se casser à cause du tangage et du roulis car le plateau est toujours maintenu horizontal grâce à un système de cardans.
En cas de panne le plateau doit être tourné manuellement en respectant la vitesse de rotation afin de ne pas modifier le signal. En effet, la vitesse de rotation varie d'un bateau à l'autre ainsi que la fréquence des éclats, ce qui, comme pour un vrai phare, permet de reconnaître le bateau émetteur, donc l'endroit.
La corne de brume émet un signal sonore important qui prévient les navires des dangers existants. Elle est alimentée par deux compresseurs situés dans la salle des machines. L'air comprimé est stocké dans 3 grandes cuves.
Les guindeaux, gros treuils placés sur le pont permettent la mise à l'eau et la remontée des ancres. Ils sont eux aussi alimentés par les compresseurs.
Ces bateaux sont dotés de 3 ancres. L'ancre principale en forme de demi-sphère, d'où le nom d'ancre champignon, pèse 3 tonnes et est fixée à 360 m de chaîne. On peut jouer sur la tension de la chaîne suivant le temps.
Les ancres de secours pèsent chacune 1 tonne 2 et leurs chaînes mesurent 275 mètres. Elles ne sont pas toujours utilisées. Elles sont mouillées lorsque l'ancre principale dérape ou lorsque la chaîne principale est en vérification ou en réparation.

L'EQUIPAGE
II y a en fait 2 équipages complets qui travaillent en alternance pendant 4 semaines. Chaque équipage comprend une dizaine d'hommes. Le commandant a des responsabilités diverses : il doit veiller à l'entretien des câbles, connaître les gestes de premiers secours, être capable d'intervenir en cas d'incendie à bord...
Tous les bateaux-feux possèdent une salle radio. Le commandant est le seul à bord à posséder un permis de transmission radio. En cas de tempête (force 7 et plus) il se tient en permanence dans la salle de veille, en liaison avec la terre et se prépare à toute intervention en cas d'urgence.

LA VIE A BORD
Elle est éprouvante physiquement et moralement. L'environnement est bruyant (sifflement du vent, fracas des vagues, bruit des machines...), et quand la corne de brume retentit tout le bateau vibre.
En cas de tempête, le bateau tourne autour de son amarrage pour se placer bout-au-vent, ce qui engendre des mouvements très violents et donc un inconfort extrême à bord.
Les activités sont partagées entre les travaux d'entretien courant et la veille. Celle-ci consiste à surveiller le trafic, le mouillage et la visibilité. Par temps de brume la garde du bateau-feu est renforcée.
La régularité de la relève est souvent perturbée par les conditions météo. Le ravitaillement se fait à cette occasion. Une réserve de cambuse de 15 jours est obligatoire. Si le bateau de ravitaillement ne peut accoster, celui-ci se fait par un système de va-et-vient (cordage en boucle).
A part le bateau ravitailleur tous les 15 jours, les visites sont rares. L'isolement est certainement un facteur qui rend la vie à bord extrêmement pénible.

Source: le Port-Musée de Douarnenez.